1 juin 2021

Pour une politique de restitution transparente et empreinte de générosité en partenariat avec les anciennes colonies.

Telle est la demande d'universitaires, de conservateurs et de spécialistes du patrimoine aux autorités belges à qui ce groupe présente aujourd'hui quelques principes éthiques en matière de gestion des collections coloniales.

En octobre 2018, une soixantaine d'universitaires et de personnels des secteurs académique, des musées et du patrimoine ont demandé dans une lettre ouverte que la restitution du patrimoine culturel africain dans les musées belges fasse l'objet de davantage de discussions et que soient définies des lignes directrices éthiques pour le secteur des musées en vue de sa gestion et de sa restitution. Afin d'accélérer le processus, certains ont constitué un groupe informel d'experts. Leur tâche consistait à initier de telles directives. Après deux ans de recherches, il en résulta ce document Principes éthiques pour la gestion et la restitution des collections coloniales en Belgique.

Le groupe considère ces principes éthiques non pas comme une fin en soi mais plus comme une contribution au débat et une invitation lancée à toutes les personnes qui souhaitent participer aux réflexions sur les réformes nécessaires en matière de politique, de droit et de pratiques institutionnelles liées aux collections acquises dans un contexte colonial. La discussion doit se poursuivre en collaboration avec les diasporas, les autres communautés, les pays d'origine, ainsi qu'avec les gouvernements et le secteur du patrimoine du pays. Le groupe encourage à ce que de nouvelles opportunités permettent d'élargir ce débat public.

Le groupe a formulé les principes suivants:

APPROCHE ELARGIE
Les principes éthiques ne constituent qu'une partie de la recherche en matière de passé colonial qui nécessite un examen critique bien plus approfondi et d'avantage de responsabilités. Le groupe soutient donc l'initiative de création d’une commission parlementaire spécialement chargée d'enquêter sur le passé colonial belge (DOC 55 1462/001). A l'heure actuelle, la Belgique est le seul ancien colonisateur à opter pour une approche aussi large.

NÉCESSITÉ D'UNE VUE D'ENSEMBLE
Il n'existe actuellement aucune vue d'ensemble des collections coloniales conservées en Belgique que ce soit dans des institutions publiques ou chez des particuliers. Ces collections ne proviennent pas seulement d'Afrique centrale mais aussi d'autres régions coloniales. Le terme "collectionner" couvre un large éventail d'activités, certaines associées à des actes de violences physiques. Toutes ces collections ont pour caractéristique de reposer sur un manque fondamental d'égalité. Une politique de restitution efficace demande donc une vaste vue d'ensemble reposant sur la transparence.

RECHERCHE DE PROVENANCE
Cette vue d'ensemble nécessite un nouveau type de recherche de provenance. Ceci implique plus de recherche effectuée en collaboration avec les pays et les communautés d'origine ; plus de prise en compte des pays et communautés d'origine dans la priorisation à donner à la recherche sur la provenance tout en mettant l'accent sur le processus d'acquisition des objets ; plus de financement pour ce type de recherche.

Le groupe souhaite voir la recherche de provenance s'intensifier. Toutefois il insiste également sur les limites de ce type de recherche qui n'apporte pas de réponse définitive pour toutes les collections et objets. Mais parallèlement, ceci ne peut être une excuse pour continuellement repousser toute forme de restitution. C'est pourquoi le groupe propose de développer différentes modalités de restitution en se basant à la fois sur la recherche de provenance mais également sur des considérations pratiques ou éthiques.

UNE MEILLEURE LÉGISLATION
Malgré l’impression générale, il n'existe actuellement aucun véritable obstacle juridique à la restitution des collections coloniales dans le domaine public, même si cela reste difficile en pratique. La législation et les règles internationales, européennes et nationales existantes pour la protection du patrimoine culturel sont insuffisantes. Nous pensons donc qu'une nouvelle législation est nécessaire pour faciliter le processus de restitution. Le groupe soutient ainsi le "Projet de loi relative au retour dans leur pays d’origine de biens culturels acquis dans un contexte issu du colonialisme et qui se trouvent dans les collections publiques sur le territoire belge » du Dr De Clippele et du Prof. Bert Demarsin.

QUI PEUT FAIRE UNE DEMANDE DE RESTITUTION ?
Les demandeurs peuvent être soit des États, soit des groupes régionaux ou culturels et des descendants des auteurs des objets ou de leurs propriétaires. Pour accéder à une demande de restitution, les acteurs non étatiques ont de préférence besoin du soutien de l'État du territoire où ils résident. Le groupe préconise vivement d'inclure dans le processus des acteurs non étatiques.

Co-Auteurs:

  • Vincent Boele, Curator of Americas & Oceania Collections, MAS Museum Antwerp Roselyn Francken, Curator of the Asia Collection, MAS Antwerp
  • Lies Busselen, Researcher on human remains in colonial collections - H.O.M.E., RMCA
  • Marie-Sophie de Clippele, PhD Law, Postdoctoral researcher F.R.S.-FNRS, Université Saint-Louis - Bruxelles
  • Els De Palmenaer, Curator of the Africa Collection, MAS Antwerp
  • Sarah Van Beurden, Associate Professor of History and African Studies, The Ohio State University
  • Annelies Van de Ven, PhD Archaeology, Postdoctoral researcher F.R.S.-FNRS, Université catholique de Louvain
  • Yasmina Zian, PhD History, Postdoctoral researcher, Université de Neuchâtel, Université Libre de Bruxelles

En Collaboration avec:

  • Leen Beyers, Curator and Head of Research, MAS Antwerp
  • Tara Chapman (HOME project), Royal Belgian Institute of Natural Sciences
  • Hugo DeBlock, Guest Professor of Anthropology, Department of Languages and Cultures, School of African Studies, Ghent University
  • Katrijn D’hamers (FARO, Flemish institution for cultural heritage)
  • Nicole Gesché-Koning, art historian and anthropologist, honorary professor Royal Art academy Brussels and ex-assistant at the Université libre de Bruxelles
  • Billy Kalonji, President of COMRAF (Comité de concertation entre le Musée de Tervuren et les Diasporas africaines), expert in cultural diversity and inclusion
  • Anne Wetsi Mpoma (historienne de l’art, fondatrice de Wetsi Art Gallery, asbl Nouveau Système Artistique)
  • Jos van Beurden, PhD Humanities, senior researcher colonial collections and restitution, Free University Amsterdam
  • Pauline van der Zee, UGent
  • Hein Vanhee, curator and researcher at the Royal Museum for Central Africa, Tervuren
  • ICOM Belgium (final editing). ICOM Belgium is not responsible for the content, but stimulates with its contribution the current discussion in Belgium about colonial heritage.

Coordination

  • Katrijn D’hamers (FARO, Flemish institution for cultural heritage)
  • Sarah Van Beurden, Associate Professor of History and African Studies, The Ohio State University

Les Principes éthiques pour la gestion et la restitution des collections coloniales en Belgique peuvent être consultés à l'adresse suivante : restitutionbelgium.be

Pour toutes questions, s'adresser :
pour la version française : à Yasmina Zian (Yasmina.Zian@ulb.be) et Marie-Sophie De Clippele (marie-sophie.declippele@usaintlouis.be)
pour la version néerlandaise: à Sarah Van Beurden (sarah.vanbeurden@gmail.com) et Hugo DeBlock (Hugo.DeBlock@ugent.be)
pour la version anglaise : à Sarah Van Beurden (sarah.vanbeurden@gmail.com)

ou par courriel à : restitutionbelgium@gmail.com